L’inter-calibration : une méthode novatrice de la Directive Cadre sur l’Eau au service de la préservation des milieux aquatiques européens

Interview d’Anaïs Giraud, chef de projet DCE pour l’Agence de l’Eau RM&C délégation de Montpellier.

Vous travaillez actuellement sur une méthode qui se nomme « l’inter-calibration », pouvez-vous nous en dire plus ?

La DCE vise le Bon état des milieux aquatiques à l’horizon 2015. L’inter-calibration est une méthode qui est utilisée dans le cadre de la DCE. Elle a pour but de vérifier que les limites du bon état sont comparables entre Etats Membres. Il faut donc d’abord, passer par la mise en commun des données scientifiques, puis leur comparaison et enfin l’harmonisation des seuils par élément de qualité.

DCE : La Directive Cadre sur l’Eau

En 2000, sous l’impulsion d’une consultation au parlement européen, le ministère de l’environnement met en place la Directive Cadre sur l’Eau (DCE). L’objectif de la DCE et de donner la priorité à la protection de l’environnement, en demandant de veiller à la non-dégradation de la qualité des eaux et d’atteindre d’ici 2015 un bon état général tant pour les eaux souterraines que pour les eaux superficielles et les eaux côtières.

De quelles données scientifiques s’agit-il ?

Les scientifiques collectent des données sur les masses d’eaux : un lac, une portion de cours d’eau, une zone côtière, une lagune, un réseau d’eau souterrain. Sur chaque masse d’eau, ils contrôlent deux types de paramètres ; les paramètres biologiques du milieu (phytoplancton, invertébrés, poissons, flores …) et les paramètres chimiques.

L’inter-calibration est-t-elle une méthode novatrice ?

oui à cette échelle, car elle repose sur la mise en commun de toutes les données scientifiques de chaque état membre. Elle oblige les Etats membres à s’interroger sur leurs méthodes, leurs résultats et à les rendre cohérents avec les autres pays, et ce, sur l’ensemble des paramètres biologiques.

Pourquoi ne pas viser l’excellent état des écosystèmes ?

Etang de Salses-Leucate. Crédit photo : SMNLR/RIVAGE

Le Très Bon état signifie que l’écosystème n’a subi aucune dégradation. Ce qui n’est le cas quasiment nulle part. Atteindre le bon état signifie que l’écosystème fonctionne correctement. La poursuite des activités humaines doit être rendue compatible avec le bon fonctionnement du milieu.

Quel est votre rôle auprès des scientifiques ?

Nous discutons de la position française à tenir lors des meetings européens et nous explicitons aux scientifiques les principes et les enjeux de l’exercice. Nous jouons aussi le rôle de « point focal » en faisant remonter l’information scientifique au niveau du ministère et de l’ONEMA (l’Organisme technique français de référence sur la connaissance et la surveillance de l’état des eaux et sur le fonctionnement écologique). Nous jouons aussi le rôle de médiateur en niveau du ministère.

Quelle est la difficulté à la mise en place de cet exercice d’inter-calibration ?

Selon moi, la difficulté est de faire travailler tous les scientifiques en parfaite synergie. En effet, chacun a développé ses propres méthodes et veut les faire valoir. Mais ce projet est d’une grande envergure, et cela demande un travail précis. Ils doivent travailler selon les cadres et des délais imposés et avec des financements limités.

Selon vous, devrait-on généraliser cette méthode à l’ensemble des projets de gestion environnementale ?

L’inter-calibration n’est pas un outil mais un exercice à conduire dans le cadre de la DCE. Elle n’a donc pas de sens en termes de gestion. Elle n’a d’intérêt que quand on a besoin de comparer des résultats d’analyse obtenus avec des méthodes différentes.

Article de Jennifer Carré, étudiante en Master BGAE, Université des Sciences de Montpellier II.