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Document de planification pour l´eau et les milieux aquatiques à l´échelle du bassin, le SDAGE* de Corse 2010-2015 est entré en vigueur le 21 décembre 2009. Il fixe pour une période de 6 ans les orientations fondamentales d´une gestion équilibrée de la ressource en eau et intègre les obligations définies par la directive européenne sur l´eau, ainsi que les orientations du Grenelle de l´environnement pour un bon état des eaux d´ici 2015.
Le Pôle-relais lagunes méditerranéennes, en partenariat avec l´Agence de l´eau RM&C et la DREAL de Corse, vous propose, au fil de votre lecture et par une illustration précise, de dégager l´ensemble des potentialités qu´offre ce SDAGE pour la préservation des milieux lagunaires en Corse.
A lire : toutes les informations du SDAGE de Corse sur la page dédiée du site de l´Agence de l´eau Rhône-Méditerranée et Corse
* Schéma Directeur d´Aménagement et de Gestion des Eaux.
Vous souhaitant une agréable lecture,
L'équipe du Pôle-relais lagunes méditerranéennes.
Parler de planification dans le domaine de l´eau et des milieux aquatiques en Corse implique d´évoquer la spécificité insulaire de cette région. Véritable « montagne dans la mer » avec des sommets culminants à plus de 2 700 m et une altitude moyenne de 568 m, la Corse bénéficie d´un enneigement et de précipitations d´altitude réguliers qui représentent un potentiel hydraulique propice à des aménagements tels que barrages et autres retenues permettant d´alimenter l´ensemble du territoire insulaire en toute saison.
Dans ce contexte et pour répondre aux défis d'une gestion durable de l'eau, une logique de gestion intégrée de l'eau et des milieux aquatiques a depuis près de cinquante ans été progressivement instaurée par le législateur. Ainsi, sur chacun des grands bassins hydrographiques français, un Comité de bassin, rassemblant des représentants des collectivités, des administrations, des acteurs économiques et des associations, a en charge l'élaboration et l'animation de la mise en œuvre d´un Schéma Directeur d´Aménagement et de Gestion des Eaux (SDAGE).
En 2002, le bassin hydrographique de Corse se détache du bassin Rhône-Méditerranée par la loi nº2002-92 relative à la Corse, dite « loi Corse ». Elle crée également le Comité de bassin de Corse présidé par le président du Conseil Exécutif de Corse.
Il s´agit donc ici du premier SDAGE spécifique à la Corse. Il intègre les objectifs de la directive cadre européenne sur l´eau, texte de référence fixant notamment l´atteinte du « bon état » des milieux aquatiques comme un projet commun à tous les états membres de l´Union européenne.
Ce premier document de planification à l´échelle régionale a été voté à l´unanimité par l´Assemblée de Corse lors de sa session en date du 1er octobre 2009.
Fixer un objectif de bon état des milieux aquatiques résulte du consensus sur le fait que :
des milieux aquatiques en bon état sont les meilleurs garants pour une ressource en eau préservée et de qualité ;
des écosystèmes équilibrés, tout en assurant le maintien de la biodiversité, permettent de répondre au mieux et de façon durable aux besoins des divers usages de l'eau.
Ces usages de l'eau, dans leur diversité, sont explicitement pris en compte dans cette démarche: d'un côté leur développement équilibré est dépendant d'une ressource de qualité et de l'autre, les objectifs et les délais retenus pour atteindre le bon état des milieux tiennent compte de la réalité socio-économique des territoires.
Les objectifs du SDAGE sont donc ambitieux et demandent un effort important. Le SDAGE constitue l'outil de la politique de l'eau du bassin, commun à tous les acteurs, qui doit aider à trouver le meilleur chemin pour atteindre ces objectifs, en recherchant les méthodes les plus efficaces, en agissant le plus à l'amont possible des problèmes et en construisant cette politique dans un esprit permanent de concertation.
Aborder de manière cohérente des problèmes aussi divers que la protection contre les crues, la lutte contre toutes sortes de polluants, la gestion de la ressource en eau, la protection des écosystèmes aquatiques et des zones humides, en prenant en compte les réalités et les contraintes socioéconomiques, telle est l'ambition du SDAGE de Corse qui doit être compris comme un outil de planification ayant une portée opérationnelle non négligeable à l´échelle du bassin corse.
Entrons plus avant dans ce SDAGE et regardons plus particulièrement les orientations fondamentales pouvant avoir un effet sur la préservation des zones humides et plus particulièrement des lagunes méditerranéennes.
Deux lectures peuvent être faites :
une lecture indirecte : le SDAGE de Corse se décompose en 4 grandes orientations fondamentales. Toutes répondent indirectement à des problématiques qui se posent sur les milieux humides qui sont à la croisée des mondes terrestre et aquatique.
une lecture directe : parmi ces 4 orientations fondamentales, un effort particulier à été porté sur la thématique des zones humides. L´orientation fondamentale nº3 (préserver les milieux aquatiques) compte des sous-orientations parmi lesquelles la sous orientation nº 3C intitulée: « Poursuivre la préservation et la restauration des zones humides et engager leur gestion et leur reconquête »
Essayons, au fil de notre lecture et par une illustration précise, de dégager de ces orientations fondamentales (OF) l´ensemble des potentialités qu´offre ce SDAGE pour la préservation des milieux humides littoraux.
L´orientation fondamentale nº1 du SDAGE de Corse n´a pas d´impact direct sur les zones humides puisqu´il s´agit essentiellement d´une question de ressource quantitative en eau et des besoins de l´île en matière de développement et d´équipement. Il est tout de même bon de connaître son existence car certains milieux humides seront indirectement influencés par de potentielles actions relevant de cette orientation fondamentale. En effet, en prenant en compte les besoins des milieux dans la gestion quantitative, on peut voir apparaître un problème d´assèchement des zones humides, notamment vers les embouchures où les nappes sont (sur)exploitées. La gestion quantitative des eaux douces est donc garante du maintien de l´équilibre entre eaux douces et salées dans la lagune, d´où une grande richesse des milieux.
La seconde orientation fondamentale est composée de 2 sous-orientations.
L´orientation fondamentale 2A : poursuivre la lutte contre les pollutions
En Corse, la pollution des milieux aquatiques reste assez limitée par rapport à certains territoires du continent. Toutefois, les efforts doivent être constants pour maintenir voire améliorer la qualité de ces milieux. Cet effort est plus que nécessaire car la Corse présente encore des retards en termes d´infrastructures de traitement ou encore d´entretien des réseaux. Ainsi, le SDAGE, par cette orientation fondamentale, vise à impulser une stratégie d´évolution en matière de lutte contre la pollution dans la ligne logique de l´application de la directive ERU qui sera, d´ici à 2015, l´un des facteurs influençant l´atteinte du bon état des milieux aquatiques comme le préconise la DCE. Cette orientation fondamentale repose sur 4 objectifs :
renforcer les connaissances ;
renforcer la politique des communes en matière de lutte contre les pollutions ;
lutter contre les pollutions d´origine agricole et agroalimentaire, les pesticides et les substances dangereuses ;
adapter les exigences de traitement aux spécificités et enjeux des territoires fragiles.
En ce qui concerne la gestion des milieux lagunaires, cette orientation est très importante car ces milieux sont le réceptacle final de l´ensemble des pollutions mal gérées d´un bassin versant.
Prenons l´exemple de l´étang de Biguglia en Haute-Corse. Il s´agit de la plus grande lagune de Corse (1 450 ha), séparée de la mer par un cordon littoral de plus de 10 km de long. Située dans une zone périurbaine très dense, trois entités y cohabitent : le cordon lagunaire, l´étang lui-même et la plaine. Son patrimoine est unique mais soumis à plusieurs types de pollutions : industrielle, domestique et agricole. Géré par le Conseil Général de Haute-Corse, l´étang est classé en réserve naturelle depuis 1994. La Réserve Naturelle a pour objet le suivi scientifique, l´accueil du public, la gestion et la surveillance du milieu.
Les politiques sectorielles et les initiatives en cours sur le territoire rassemblent de nombreux acteurs. L´une d´entre elles concerne la politique de l´eau. Un Schéma d´Aménagement et de Gestion des Eaux (SAGE), en cours d´élaboration, vise à préserver la ressource en eau. La Commission Locale de l´Eau du SAGE permet à tous les acteurs de travailler en concertation, dans une logique commune de gestion, afin d´atteindre un état qualitatif et quantitatif des masses d´eau du bassin versant plus satisfaisant. Une des problématiques récurrentes autour de la qualité de l´eau de cet étang concerne le déversement d´eaux usées et pluviales dans le canal de ceinture de la lagune. Une mauvaise gestion de ces eaux, et en particulier des eaux pluviales sur le bassin versant impacte de façon négative la qualité des eaux de l´étang et ceci à de nombreuses reprises au cours des saisons. Le SAGE aborde particulièrement cet aspect et devrait aboutir prochainement à un contrat d´étang visant à mettre en œuvre ses préconisations.
La Réserve Naturelle de l´étang de Biguglia a également décidé de travailler sur la problématique agricole en utilisant la démarche GIZC (Gestion Intégrée des Zones Côtières). Il s´agit d´un outil de gouvernance des territoires littoraux visant à un développement durable. Elle promeut une gestion intégrée de l´espace et des ressources prenant simultanément en compte les enjeux terrestres et marins, naturels, économiques et sociaux d´une zone littorale définie comme territoire cohérent de réflexion et d´action.
La démarche GIZC de l´étang de Biguglia est structurée autour de 3 axes de travail parmi lesquels la promotion de l´agriculture durable. L´agriculture représente environ 45 exploitations qui sont implantées sur la rive Ouest de l´étang. Le maraîchage traditionnel est présent, mais en net recul par rapport à l´élevage. Les exploitants sont soumis à la pression foncière des autres activités. Une étude a été lancée afin de dresser un état des lieux de l´activité agricole, de recenser les acteurs et les actions dans le domaine agricole et environnemental et d´établir un diagnostic social, économique et environnemental dans un objectif final de proposer des principes pour maintenir une agriculture durable.
En outre, un lieu de débat est proposé aux agriculteurs mais aussi aux organismes publics, élus des collectivités et scientifiques afin de réfléchir ensemble à des solutions en faveur du maintien de ce type d´agriculture.
Ces échanges ont instauré un climat de confiance et de compréhension entre mondes agricole et scientifique. De plus, la mise en œuvre du Plan de Développement Rural de la Corse et les aides agricoles via des mesures agri-environnementales basées sur les bonnes pratiques influent également positivement sur la qualité des eaux puisque nombres d´entre elles visent à limiter l´utilisation des produits phytosanitaires dans un souci de préservation de ces milieux fragiles.
L´ensemble des démarches soutenues par le SDAGE dans cette orientation ne pourront qu´apporter de nouvelles solutions aux problématiques évoquées ci-dessus.
L´orientation fondamentale 2B : Evaluer, prévenir et maitriser les risques pour la santé humaine
Comme précédemment, les dispositions du SDAGE visent à assurer une bonne qualité sanitaire des eaux destinées ou utilisées pour l´alimentation humaine, la baignade et les autres loisirs aquatiques, la pêche et la production de coquillages - tout ceci en cohérence avec la loi de la santé publique et le plan national santé et environnement puis son application régionale. Pour ce faire, 3 dispositions ont été déclinées dans ce document :
engager des actions pour protéger la qualité de la ressource destinée à la consommation humaine ;
assurer l´exercice durable des usages de baignade, de loisirs liés à l´eau et de l´aquaculture ;
progresser dans la lutte contre les nouvelles pollutions d´origine biologique ou chimique
Pour donner un exemple sur les lagunes corses, quoi de mieux que de se tourner vers nos deux lagunes conchylicoles que sont Diana et Urbino. Tous deux situés sur la plaine orientale, les étangs de Diana et d´Urbino sont deux lagunes d´origine tectonique donc très profondes.
L´étang de Diana est un étang privé situé sur les communes de Tallone et Aleria. Sa superficie est de 570 ha pour une profondeur maximale de 11 m. Sa gestion incombe à un Groupement Foncier Agricole et des baux d´exploitation sont délivrés à des pêcheurs et des conchyliculteurs.
L´étang d´Urbino quant à lui est la propriété du Conservatoire du Littoral sur la commune de Ghisonaccia. Sa superficie est de 790 ha pour une profondeur maximale de 9,3 m. Il est géré par le Conseil Général de Haute-Corse et des baux d´exploitation de pêche et de conchyliculture sont délivrés par le propriétaire.
La bonne qualité des eaux d´une lagune est la garantie d´une bonne exploitation. Historiquement classés en catégorie A pour la production de coquillages, ces étangs se sont vus déclassés en catégorie B à plusieurs reprises ces dernières années. Le suivi effectué par l´Ifremer a en effet montré une qualité de l´eau insuffisante. Ce déclassement implique un surcoût pour les entreprises lié au traitement de la production dans un centre de purification, voire une perte en cas d´interdiction de mise sur le marché. Aussi, les producteurs se sont rapprochés des autorités afin de comprendre le phénomène. Deux hypothèses différentes ont été évoquées en fonction de la lagune.
Sur Diana, la problématique semble due aux quelques rejets domestiques « sauvages » dans l´étang ;
Sur Urbino, la gestion du grau a été évoquée, et le nouveau gestionnaire travaille pour remédier à ce problème afin d´oxygéner au mieux le plan d´eau.
Cette orientation du SDAGE permettra certainement d´asseoir les politiques publiques afin qu´elles puissent à terme faire diminuer voire disparaître ce type de problématique et que chaque individu prenne conscience de son action directe sur l´environnement et des impacts positifs ou négatifs que cela engendre. Le suivi de ces milieux et la veille environnementale autour de la qualité des eaux sont des éléments incontournables qui nous permettent de tirer la sonnette d´alarme avant que le pire n´arrive.
En Corse, il existe une grande diversité de paysages aquatiques et humides. Ces milieux sont assez bien voire même bien préservés. Toutefois, le maintien ou la restauration du bon fonctionnement hydrologique et morphologique sont des facteurs incontournables afin de bénéficier et de faire bénéficier aux générations futures de cette diversité importante. L´orientation fondamentale nº3 est composée de 3 sous-orientations.
L´orientation fondamentale 3A : préserver les milieux aquatiques
Deux dispositions sont déclinées ici :
restaurer la continuité biologique et les flux sédimentaires ;
maitriser les impacts des aménagements.
Le bon état d´un milieu provient en particulier du maintien de sa bonne dynamique morphologique. Pour une lagune, cette affirmation est d´autant plus vraie que cette dynamique est soumise non seulement aux échanges mer/lagune mais aussi aux échanges lagune/bassin versant. La diminution des apports d´eau douce du fait des modifications d´usages du bassin versant ou des changements climatiques implique trop souvent des répercutions sur le fonctionnement morphologique de l´étang. A une augmentation de la salinité du plan d´eau va s´ajouter une fermeture plus fréquente du grau du fait du manque « d´effet de chasse » de l´intérieur de la lagune vers la mer.
Ainsi, sur les 3 plus grandes lagunes de l´île que sont Biguglia, Diana et Urbino, les gestionnaires interviennent mécaniquement afin d´ouvrir les graus en fonction des besoins de l´étang. La mise en œuvre de cette orientation du SDAGE permettra certainement de favoriser les échanges lagune/bassin versant ce qui permettra d´améliorer de fait les échanges mer/lagune et ainsi la qualité de ces milieux.
Par ailleurs, il est à noter que la plaine orientale du Nord au Sud, bénéficie d´une mosaïque de milieux humides propices à l´alimentation et au repos de certaines espèces durant leur halte migratoire. Il est donc important de préserver ce chapelet de zones humides en insistant sur les micro zones humides très (peut-être trop) discrètes, mais jouant un rôle écologique primordial. Une réflexion de ce type a d´ores-et-déjà été amorcée par le Conservatoire du Littoral sur l´ensemble des milieux dont il détient la maîtrise foncière.
L´orientation fondamentale 3B: intégrer la gestion des espèces faunistiques et floristiques dans les politiques de l´eau
Pourvus d´une biodiversité très importante, les milieux aquatiques présentent un grand intérêt faunistique et floristique. Il est donc important de préserver le milieu et les espèces qui leur sont inféodées.
Trois dispositions ont été prises pour atteindre cet objectif :
mobiliser les acteurs du bassin pour développer la mise en œuvre d´actions locales de gestion des espèces ;
agir pour la préservation et la valorisation des espèces autochtones ;
lutter contre les espèces envahissantes.
En Corse, une initiative émane du comité régional des pêches afin de limiter l´impact de la pêche sur les populations d´anguilles. En effet, suite au plan régional d´action sur l´anguille, l´ensemble des pêcheurs en lagune souhaite utiliser des filets à mailles plus larges.
Cette initiative vise à augmenter le taux d´échappement des anguilles en milieu lagunaire et à favoriser l´accomplissement de leur cycle biologique.
L´orientation fondamentale 3C: poursuivre la préservation et la restauration des zones humides et engager leur gestion et leur reconquête.
On recense près de 22 000 ha de zones humides sur l´île. Du littoral aux massifs montagneux, ces milieux sont encore de bonne qualité et assez diversifiés. Il convient toutefois de continuer à les maintenir dans cet état. Cet objectif est suivi par l´ensemble des acteurs insulaires depuis de nombreuses années, que cela passe par l´acquisition de territoires humides par les Conseils Généraux et le Conservatoire du Littoral, leur gestion par des organismes publics ou encore la mise en œuvre de politiques régionales d´acquisition de connaissance ou d´études et de suivis des milieux. Cette forte implication a permis pour la première fois dans un SDAGE d´avoir une orientation fondamentale spécifique au maintien de ce type de milieu. Cette orientation se décline en 2 dispositions :
améliorer la connaissance et faire connaître les zones humides ;
mieux préserver et gérer les zones humides.
Afin de mener à bien ces objectifs, il a fallu avant toute chose prioriser les actions par secteur d´intervention. Ainsi le SDAGE de Corse préconise une action plus ciblée sur certains milieux où la problématique nécessite soit une acquisition, soit une amélioration des connaissances ou encore des mesures de gestions particulières. Cette stratégie de priorisation prévoit notamment que l´accent soit mis sur le maintien des zones humides plus modestes dans un souci de préservation de corridors écologiques.
Cet outil particulier a été imaginé afin de répondre à la problématique de mise en réseau des acteurs pour une veille environnementale concertée et globalisée à l´échelle du bassin Corse.
Le but de cet « observatoire régional des zones humides » sera de valoriser les travaux effectués sur les zones humides de Corse, de favoriser l´émergence de réseaux de suivis sur la faune, la flore et l´eau (avec en particulier l´élaboration de cahiers des charges), et bien évidemment d´instaurer une surveillance sur des milieux aussi fragiles que menacés que sont les zones humides.
Cet observatoire sera décliné en trois thèmes :
La valorisation des connaissances :
Un inventaire des zones humides de Corse a été réalisé en 2005. Cette base de données recense les principales zones humides de plus de 1 hectare ainsi que les références bibliographiques associées.
Aujourd´hui, cette base de données est assez peu ludique et peu ou pas utilisée. Il convient de valoriser cet outil. Aussi, pour que le gestionnaire se l´approprie, sa refonte globale doit être effectuée. Outil privilégié pour la valorisation des connaissances, cette nouvelle base pourrait être la pierre angulaire d´un site internet permettant l´accès aux données pour l´ensemble de la population (avec des niveaux d´accès en fonction du type de données). En outre, un intranet accessible aux acteurs agissants sur ces milieux permettrait une actualisation par le gestionnaire de la base. Un inventaire bibliographique exhaustif des données existantes sur les zones humides de Corse (livres, rapports de stage, d´études, plans de gestion...) devra également être réalisé.
Un réseau des gestionnaires sera mis en place. Il est important de mobiliser les acteurs de terrain afin qu´ils se fassent le relais entre les évolutions du milieu et l´observatoire. Sans ces acteurs incontournables, un tel projet ne serait pas réalisable au vu du nombre important de sites. De plus, chacun d´entre eux connaît particulièrement bien la zone dont il a la gestion. Ils sont donc les plus à même de relever les problèmes ou les évolutions lorsque cela se produit.
Des actions de sensibilisation et d´information pourront également être faites (site internet, plaquettes d´informations, livres de vulgarisation, colloque régional...). La sensibilisation du public (élus, scolaires, autres...) doit être prise en compte dans cet observatoire. Il est important de montrer combien la préservation de ces milieux fragiles est incontournable pour le maintien d´un bon équilibre écologique et économique.
L´état de la qualité des milieux :
L´actualisation de la base de données mais aussi le choix d´indicateurs pertinents permettront d´avoir une vision globale de l´état des zones humides sur la région.
De plus, il serait intéressant de réaliser un bilan des suivis existants sur les sites ainsi qu´un bilan des pressions in situ mais aussi en amont des zones humides de Corse.
Un bilan de l´état des milieux les plus étudiés devra être également fait.
Cette étape est primordiale pour le suivi de la qualité des zones humides. Cela nous permettra d´avoir une vue générale de la santé de ces milieux, des problématiques et des actions menées.
Sans ces informations il nous paraît délicat voir impossible de mettre en place des mesures de surveillance, ou encore de sensibilisation et d´information.
Connaître la qualité de ces milieux est donc une condition sine qua non à la mise en œuvre d´un tel programme qui a pour but d´avoir un réel outil d´aide à la décision.
La surveillance des milieux :
Mettre en œuvre un observatoire c´est avant tout impulser une logique de surveillance du milieu concerné. Cette surveillance doit se faire en relation étroite avec les gestionnaires des zones humides et les services de police de l´environnement.
Une méthode de suivi type pourra être proposée en fonction des caractéristiques des zones humides. Il est en effet difficile de valider un même protocole pour le suivi d´une lagune que pour celui d´une tourbière ! Le terme zone humide englobe une diversité de milieux dont l´écologie et la biodiversité sont très variables. Il convient donc de tenir compte de ces différences lorsque l´on propose une méthode de suivi. Un groupe de travail devra réfléchir sur les protocoles ainsi que sur les indicateurs qu´il faudra suivre en fonction du type de zone humide étudié.
Ces trois thèmes seront toujours étroitement liés. En effet l´état de la qualité de ces milieux est conditionné par la surveillance et la sensibilisation du public à l´importance de sa préservation.
La corrélation entre la surveillance et l´état de la qualité des zones humides permettra de mettre en place un outil d´aide à la décision, pierre angulaire d´une gestion intégrée de ces milieux très fragiles.
La mutualisation des données environnementales et la valorisation du travail effectué ainsi que la sensibilisation du public seront aussi très importantes pour la préservation de ces zones.
Ces thèmes répondent en tout point aux objectifs du SDAGE pour le maintien de ces milieux, non seulement au niveau de la veille environnementale mais aussi au niveau de la sensibilisation, de la mise en réseau des acteurs locaux et l´amélioration de la connaissance.
Ce projet global répondra aux besoins des acteurs dans une cohérence d´ampleur régionale.
La diversité de milieux aquatiques et humides ainsi que la biodiversité que ces écosystèmes renferment est un atout pour la Corse. Son développement doit impérativement tenir compte du maintien de ces milieux. Il convient donc d´associer à une échelle territoriale adaptée l´ensemble des acteurs afin de planifier et réaliser des projets dans un souci de développement durable de la micro région concernée.
Trois dispositions sont déclinées pour permettre la mise en œuvre de cette orientation :
conforter la gouvernance dans le domaine de l´eau ;
assurer la cohérence entre les projets du domaine de l´eau et hors domaine de l´eau ;
intégrer les conditions d´une solidarité économique dans la politique de l´eau.
Cette logique de partage des idées et de mise en œuvre d´actions prévues de façon concertée a été largement éprouvée dans les premiers moments de l´acquisition de l´étang d´Urbino par le Conservatoire du Littoral. En effet un comité de gestion se réunit au moins chaque année afin de valider l´ensemble des actions à mener sur le site par le gestionnaire. Dès le début, les prises de décisions du Conservatoire du Littoral ont été soumises à avis de ce comité. Que cela concerne la rédaction du plan de gestion piscicole avec le nombre d´exploitants à maintenir sur la zone, ou encore la restauration des berges, l´ensemble des actions est mené de façon consensuelle et dans une logique partagée par tous. Ce comité de gestion devrait à terme permettre l´émergence d´un contrat d´étang sur le site. La logique de concertation deviendrait alors la pierre angulaire de cet outil de gestion. Cette orientation prévoit donc une généralisation de ce type d´action. Travailler de façon concertée permet l´implication de tous les acteurs dans la gestion d´un territoire et de fait la mise en œuvre de projets qui ne seront pas antinomiques mais qui iront bel et bien dans un même sens : celui du développement durable du territoire.
Gwenaëlle Le Viol
Responsable de l'Unité Habitats Naturels
Département Ecosystèmes Terrestres
Office de l'Environnement de la Corse
Avenue Jean Nicoli
20250 Corte
Gwenaelle.Leviol@oec.fr
Nous remercions le comit� de relecture compos� de la DREAL Corse et de l�Agence de l�eau RM&C.
Cette lettre d'information est éditée et vous est adressée par le Pôle relais lagunes méditerranéennes.
www.pole-lagunes.org Publication en français. By Novaterra
Pour toute demande d'information, veuillez contacter Nathalie Barré: barre@tourduvalat.org
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